Perchée au sommet du Puy-en-Velay, adossée à la cathédrale, l’ancienne pharmacie de l’Hôtel-Dieu est un témoignage vivant de la médecine d’antan, où charité et savoir se mêlaient pour offrir soins et réconfort aux plus démunis. Aujourd’hui préservée comme un patrimoine exceptionnel, elle nous plonge dans l’univers des apothicaires du XVIIᵉ siècle et leur approche des remèdes à base de plantes. Entre histoire, traditions et héritage médicinal, découvrons les secrets de ce lieu unique.
L’Hôtel-Dieu du Puy-en-Velay : un refuge au service des âmes et des corps
Fondé au Moyen Âge sous le nom d’« Hôpital des Pauvres de Notre-Dame », l’Hôtel-Dieu avait une vocation profondément spirituelle et charitable. Il accueillait principalement des pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, souvent épuisés par leur périple. Plutôt qu’une médecine curative, l’établissement leur prodiguait des soins d’hygiène essentiels : lavage des pieds, des vêtements et premiers soins pour leur permettre de poursuivre leur chemin dans les meilleures conditions.
À une époque où la médecine universitaire suscitait méfiance, ce sont les apothicaires et les herboristes qui étaient le plus sollicités. Face aux épidémies de lèpre ou aux fièvres dévastatrices, les habitants du Puy-en-Velay faisaient davantage confiance aux remèdes naturels élaborés à partir des plantes locales. Cette tradition médicale reposait sur un équilibre entre savoir empirique et croyances populaires, où les plantes médicinales et les soins prodigués par les sœurs soignantes constituaient les principaux recours contre les maux du quotidien.

Un trésor d’herboristerie et d’architecture | L'Ancienne Pharmacie de l’Hôtel-Dieu du Puy-en-Velay
Avec ses boiseries en noyer et merisier sculptées, son plafond aux moulures travaillées et ses étagères aux 310 tiroirs étiquetés en émail blanc bordé d’or, la pharmacie témoigne du raffinement et du sérieux qui entouraient l’art des apothicaires. Derrière chaque tiroir, une plante, une racine ou une poudre aux vertus soigneusement répertoriées pour soigner les malades.
L’Auvergne, riche de plus de 270 espèces médicinales, était un terrain idéal pour la cueillette et la culture des plantes utilisées à l'ancienne Pharmacie de l’Hôtel-Dieu du Put-en-Velay. Parmi les plus emblématiques, on retrouve :
La verveine citronnée, réputée pour ses propriétés digestives et relaxantes.
L’arnica, essentielle pour traiter les ecchymoses et douleurs musculaires.
La gentiane jaune, reconnue pour stimuler l’appétit et faciliter la digestion.
Le bleuet et la camomille, souvent utilisés pour apaiser les irritations oculaires et cutanées.
Certaines plantes étaient cultivées directement dans le potager de l’Hôtel-Dieu, tandis que d’autres étaient achetées auprès d’herboristes locaux ou échangées avec d’autres établissements hospitaliers.

Si l’époque des apothicaires de l’Hôtel-Dieu appartient au passé, leur héritage continue de résonner à travers la culture locale. L’intérêt croissant pour les soins naturels et la phytothérapie témoigne d’un retour aux savoirs anciens, où les plantes jouent un rôle essentiel dans le bien-être quotidien.
En visitant la pharmacie historique, en sentant les herbes séchées qui embaument encore les tiroirs centenaires, chacun peut renouer avec cet art de soigner en harmonie avec la nature. Un patrimoine inestimable, qui, loin d’être figé, continue d’inspirer ceux qui cherchent à concilier tradition et modernité.